Tout d’abord voici un extrait très court d’Eliphas LEVI, concernant sa façon très claire de parler de la mort :

« La mort n’existe pas pour le sage : la mort est un fantôme rendu horrible par l’ignorance et la faiblesse du vulgaire. Le changement atteste le mouvement, et le mouvement ne révèle que la vie. Le cadavre même ne se décomposerait pas s’il était mort: toutes les molécules qui le composaient restent vivantes et se meuvent pour se dégager. Et vous penseriez que l’esprit s’est dégagé le premier pour ne plus vivre ! Vous croiriez que la pensée et l’amour peuvent mourir quand la matière même la plus grossière ne meurt pas !

Si le changement doit être appelé la mort, nous mourons et nous renaissons tous les jours, car tous les jours nos formes changent. Craignons donc de salir et de déchirez nos vêtements, mais ne craignons pas de les quitter quand vient l’heure du repos. »

Mais il serait peut-être dommage d’en rester là, avec Sri Aurobindo, nous voilà plongé dans les sphères de la conscience :

« Tout le monde n’est pas capable de sortir de son corps consciemment, ni d’élargir consciemment son mental ou son vital, mais beaucoup de gens le font inconsciemment dans leur sommeil, c’est-à-dire au moment précis où les petits « je » de la personnalité frontale sont moins encombrants et moins étroitement absorbés dans leurs préoccupations superficielles. Ces divers « je » expriment une fraction de la réalité, celle que l’on voit à l’œil nu, mais d’immenses domaines s’étendent par-derrière ; déjà nous avons parlé d’un Mental universel, d’un Vital universel, d’un Physique subtil derrière cette pellicule physique ; il s’agit donc de recouvrer l’intégralité de notre réalité universelle. Il y a trois méthodes ou trois stades pour ce faire ; le premier, qui est à la disposition de tout le monde, c’est le sommeil ; le second, plus rare, repose sur l’extériorisation consciente ou les méditations profondes, et le troisième, qui représente déjà un degré avancé de développement, où tout est simple : on peut se passer du sommeil et des méditations, et voir de toutes les façons, les yeux grands ouverts au milieu même des autres activités, comme si tous les degrés de l’existence universelle était présent sous nos yeux et accessibles par de simples déplacements de conscience, un peu comme quand on ajuste son regard d’un objet proche à un objet plus lointain.

Le sommeil est donc un premier instrument de travail ; il peut devenir conscient, de plus en plus conscient, jusqu’au moment où nous serons suffisamment développés pour être continûment conscients, ici ou là, et où le sommeil, comme la mort, ne seront plus un retour à l’état végétatifs ou une dispersion en nos composants naturels, mais simplement un passage d’un mode de conscience à un autre mode de conscience. Parce que, en vérité, la ligne de séparation que nous avons tracée entre le sommeil et la veille, la vie et la mort, répond peut-être à une observation des apparences extérieures, mais elle n’a pas de réalité essentielle, pas plus que nos frontières nationales n’ont de réalité pour la géographie physique ou que l’extériorité colorée et immuable d’un objet n’a de réalité pour la physique nucléaire. En fait, il n’y a pas de séparation, sauf pour notre inconscience, et les deux mondes (ou plutôt celui-ci et les innombrables autres) coexistent constamment, sont constamment entremêlés, et c’est seulement une certaine façon de percevoir la même chose, qui nous faire dire dans un cas « je vis » et dans l’autre « je dors » ou « je suis mort » (si nous sommes assez conscients pour nous en apercevoir), de même qu’il est possible d’avoir différentes expériences d’un même objet suivant qu’on le regarde au niveau particulaire, atomique, moléculaire ou extérieur – l’ailleurs est partout ici. »

 

 

 
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